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Les origines du Tango à nos jours

Au départ le Tango est le patrimoine d’une zone assez limitée: le Tango est la musique de la région du Rio de la Plata.

rio de la plata - Google MapsIl est né des 2 côtés du fleuve, à Montevideo et à Buenos Aires entre la fin du XIXème et les débuts du XXème siècle. Il serait né de la réunion des esclaves noirs de ces 2 rives qui dansaient les dimanches et jours fériés au son des musiques venues de la terre de leurs ancêtres. L’Étymologie du mot Tango est rattachée, par les chercheurs Argentins et Uruguayens, à des termes africains: il pourrait se traduire comme « lieu fermé » où se pratiquaient des rituels religieux. Ces rituels étaient accompagnés de rythmes de tambour. Par la suite « Tango » désigna les tambours.

Juan Carlos Caceres (né à Buenos Aires en 1936) a sorti deux albums dans lesquels il part à la recherche des origines noires du Tango (Milonga, Candombe, Murga) en déclarant lui-même : “C’est dans les origines que se trouve la modernité”. TocaTango et Tango Negro sont deux de ses milongas les plus connues et dansées en bal.

Avec la fin de l’esclavagisme qui commençait mi-XIX, les noirs participèrent au carnaval de Buenos Aires. Leur danses et leurs rythmes reçurent le nom de « bailes de Tango ». Tango apparaissait aussi comme synonyme de Candombe, terme qui désigne encore aujourd’hui des rythmes marqués par une forte influence africaine. A Cuba aussi on parlait à l’époque de « rythme de Tango » ou « rythme habanera ». Le terme « Milonga » viendrait lui aussi de l’Afrique et serait antérieur au Tango. 

Le Tango est donc un fond de musique noire. Fin XIXème, de ce métissage Noirs/Blancs, le Tango devint une danse de couple enlacé, torse contre torse et joue contre jour, poignée de mains en bas (au niveau du bassin) et les jambes pliées de manière parfois exagéré, impensable dans la danse des salons bourgeois. C’était alors une musique jouée par des trios ou des quatuors – composés de flûte, violon et guitare – et dansée dans des milieux marginaux, des espaces où la population noire et métisse se réunissait pour danser, des bars où les hommes dansaient entre eux ou avec des femmes à la réputation douteuse: l’immigrant, sans famille, danse dans les faubourgs de la ville – grâce au son délivré par l’orgue de Barbarie – et s’entraîne avec ses compères avant d’aller retrouver une femme dans un lupanar. Aux coins des rues, il était fréquent de voir s’afficher des couples d’hommes dont les démonstrations de danse étaient interrompues par la police.

 
C’est ainsi qu’ El Entrerriano fut composé en 1879 en l’honneur d’un riche client originaire de la province Entre Rios (d’où Entrerriano) ébloui par la vivacité mélodique canyengue « marcher en cadence ». Ce serait le premier Tango sur Record (enregistrement avec droit d’auteur) sorti en 1896. Beaucoup de Tango composés à l’époque sont perdus du fait que peu de compositeurs écrivaient leur partition ou pouvaient rémunérer quelqu’un pour le faire.

Cine Nacional – TANGO 1933 – Ernesto Ponzio ( El Pibe Ernesto ) Juan Carlos Bazan interprètent ” El Entrerriano ” de Mendizabal dans le film “El Cachafaz “, célèbre danseur de Tango (José Ovidio Bianquet, 1885-1942) qui se produisait souvent avec sa compagne Carmen Calderon en vêtement traditionnel gaucho.

En 1870, bien que l’esclavage eut été abolit, la marginalisation des noirs s’est accentuée avec la vague d’immigration des Européens qui devinrent concurrents des noirs sur le marché du travail. Disparus ou marginalisés, les Noirs restèrent présents à travers tous les apports musicaux et chorégraphiques transmis aux Blancs.
Michel Plisson: “Sans l’énorme impact des cultures afro-américaines et le jeu complexe d’attirance/répulsion/domination/soumission entre Blancs et Noirs, le Tango portègne n’aurait pu exister”. La musique n’est jamais un fait isolé: elle participe pleinement de la vie sociale et elle reflète les grandes inflexions. Aussi, tout le processus d’évolution de la musique de Buenos Aires est-il parallèle à l’histoire sociale de cette ville.

C’est ce rythme rapide, allègre et secoué de ses origines qui caractérise le Tango de la Vieille Garde (Guardia Vieja) jusqu’en 1920. Celle qui commença avec El Entrerriano et qui était très liée à la tradition musicale de la campagne. La Milonga Campera existe en Argentine depuis le milieu du XVIIIe siècle: le premier payador dont on se souvient est Santos Vega. Je vous conseille d’écouter José Larralde qui a rendu hommage à ce dernier et dont voici certains albums:

La Guardia Vieja c’est le temps des compositions qui forment le socle du Tango: El Entrerriano de Rosendo Mendizabal (1897) / Don Juan de Ernesto Ponzio (1898) / El Sargento Cabral de Manuel Oscar Campoamor (1er Tango enregistré par la Garde Républicaine de Paris, 1907) / Union Civica de Domingo Santa Cruz (1904) / La Morocha de Enrique Saborido (1905).
Une figure domine à l’époque: le compositeur, pianiste, guitariste, chanteur et parolier Angel Villoldo (1864 – 1919), surnommé le “père du Tango” tant il est prolifique: El Esquinazo (1902), El Portenito (1903), El Choclo (1903). “Avec ce Tango (el Choclo) est né le Tango / Et comme un cri / Il est sorti du quartier sordide / Cherchant le Ciel”. Enrique Discépolo (1901 – 1951)

En 1907, le Tango commence à voyager à Paris – notamment grâce à Alfredo Eusebio Gobbi (1877 – 1938) accompagné de sa femme, la chanteuse chilienne Flora Rodriguez, et Angel Villoldo – étape fondamentale de son internationalisation car elle est considérée, par l’Argentine, comme l’une des capitales culturelles les plus importantes au monde. En 1911, le Figaro affirmait: “ce que nous danserons cet hiver sera le Tango Argentin, une danse gracieuse, ondulante et variée”. La Tangomanie envahit Paris! Son apogée a lieu en 1913 avec les thés-tango, conférences-tango, exposition-tango, champagne-tango, matinée-tango, concerts à la Coupole…. Le Tango touche la mode, les couleurs, les cocktails… Sans compter sur l’éloge “à propos du Tango”, écrit et récité par le poète Jean Richepin devant les 5 Académies de Paris. Le Tango conquiert Londres, Berlin, Moscou, Saint-Pétersbourg, le roi d’Espagne, New-York…

Le Tango revient victorieux de Paris et même de Rome puisque le Pape ne l’a pas condamné. En parallèle, la classe moyenne, enhardie par l’obtention du suffrage universel masculin à bulletins secrets en 1912, investit les lieux de plaisir. Le Tango acquiert ainsi sa reconnaissance sociale: il sort des lieux mal famés pour fréquenter des lieux académiques et des cabarets comme le Royal Pigall dont Juan Maglio “Pacho” compose un Tango en 1913. Le Tango acquiert également ses principales figures et sa codification. Deux danses commencent à exister: le Tango de Salon, dont les figures sont simples avec des appuis sur le temps et les partenaires assez éloignés, et le Tango Milonguero aux figures plus complexes, utilisant les syncopes rythmiques, plus provoquant, plus sensuel et où les partenaires se touchent.

En musique, la syncope est un procédé rythmique: il consiste à démarrer un son sur un temps faible de la mesure ou sur la partie faible d’un temps et à le poursuivre sur le temps fort de la mesure suivante ou bien sur la partie forte du temps suivant. C’est un procédé très employé en jazz.

Les premiers orchestres détrônent les trios et quartettes d’antan. Les musiciens professionnels apportent leur technique, leur culture – tels les napolitains qui apportèrent avec eux un style d’interprétation plus lyrique du violon et une influence mélodique de la chanson napolitaine – donnant naissance à cette beauté mélodique caractéristique du tango argentin. La vague 1910 est l’une des plus fécondes de l’histoire du Tango avec les chefs d’orchestres Francisco Canaro (1888 – 1964) et Roberto Firpo, également pianiste (1884 – 1869) qui contribuent à structurer l’Orchestre Typique.

 

C’est à cette même période qu’entre en scène le mythique bandonéon, probablement apporté par des immigrants allemands vers les années 1880. Inventé par un certain M. Band, né probablement à Hambourg, le bandonéon n’est rien de moins qu’un orgue portatif à 69 voix. L’instrument s’incorpore rapidement à la musique populaire, intégrant les quatuors (guitare, flûte, violon). L’importance musicale du bandonéon augmente après l’abandon de la flûte. L’arrivée des trios avec piano (imposé par Firpo et qui sédentarise le Tango dans les salles de spectacle du centre), et surtout de la “Orquesta Tipica” lui donne une importance qui n’a jamais été remise en question jusqu’à aujourd’hui.

Au début, le Tango était donc rapide et sautillant: iIl avait ce rythme habanera de 2/4 que permettaient violons, flûtes et guitares. Pour nombre de vieux musiciens, c’est le bandonéon qui initia le son traînant et lié du Tango. Le Tango ralentit alors la cadence pour un quatre temps 4/8 et devient plus triste. Le bandonéon est “la voz del Tango”. Par ses possibilités d’articulation, il est proche de la voix humaine, et comme elle, il peut gémir, crier, être rageur, frémir et en même temps exprimer une douceur extrême ou une plainte lancinante. Il prend en charge la partie rythmique et polyphonique, laissant au violont la partie mélodique. Vicente Greco et Edouardo Arolas ont joué un rôle essentiel à l’ancrage du bandonéon, instrument sans réel héritage: ni maître, ni méthode, ni répertoire… Il fallut tout créer.

En 1916, Roberto Firpo créateur du sextet (2 bandonéons, 2 violons, 1 piano et 1 contrebasse) – formation classique de la Orquesta Tipica – se voit présenter une marche par un jeune uruguayen appelé Gerardo Matos Rodriguez et accepte de l’arranger en Tango. Le résultat donnera La Cumparsita (petite fanfare) qui deviendra le Tango le plus connu au monde, et par décret présidentiel du 2 février 1998, l’hymne populaire et culturel de l’Uruguay. Ce n’est quand 1924 que des paroles furent ajoutées par Enrique Maroni et Pascal Contursi pour l’intégrer à l’un de leur spectacle. La Cumparsita est traditionnellement diffusée – encore aujourd’hui – pour clôturer le bal (la Milonga).

En 1917, Francisco Canaro systématise la contrebasse qui donne le Tempo. Il représente la tête de file du Tango Traditionnel.

Avec la mort de Angel Villoldo en 1919, se termine l’époque de la Guardia Vieja, marqué par el Choclo en 2/4 et la Cumparsita en 4/8.

En 1920, l’Orquesta Tipica est composé d’une douzaine de musiciens, dont un ou deux chanteurs, en gardant la formation de violons, bandonéons, contrebasse en base. Stimulés par l’engouement pour le bandonéons, les musiciens développent une technique comparable à celle du piano jazz: le jeu est staccato sur un tempo vif. La sonorité est ensorcelante. L’histoire est marquée par les plus grands bandonéonistes tels Eduardo Arolas, Pedro Maffia, Vicente Greco, Pedro Laurenz, Osvaldo Fresedo, Anibal Troilo (qui imposera violoncelle et alto), Leopoldo Federico, Astor Piazzolla, et cetera.

Le Tango qui danse devient le Tango qui pense.

«Pour les Argentins, le tango est un sentiment triste qui se danse. Expression profonde de l’âme populaire, à la fois tendre et violente, cette poésie désespérée est née au début du siècle dans les bas-fonds de Buenos-Aires» Enrique Discépolo.

EN COURS DE CONSTRUCTION….

3 réflexions sur “Les origines du Tango à nos jours”

  1. l’origine du tango serait le tambo = danse Africaine que dansait un esclave Noir du nom de RAUL qui aurait commencé ce tango et passait pour un peu fou et ignoré des Argentins à l’époque de l’esclavage et décédé dans la plus grande indifférence . Concernant toutes les danses nous avons tous et toutes nos particularités tout comme dans la vie ,à prendre en considération défauts et qualités ,la danse quelle qu’elle soit est un partage agréable afin de passer de bons moments sans se prendre la tète avec les niveaux débutants intermédiaires avancés en conclusion simplement prendre du plaisir sans jouer le “”Matuvu”” !.

  2. Du Tango…©

    Il est, tout d’abord, la musique de la passion, de l’exaltation… !
    Qui se jouait dans des abattoirs pour hommes en réunion…
    Ses rythmes sont endiablés, faits de sueurs, de cultes…
    La « seule » musique qui dit l’amour, la fierté, le tumulte… !

    Il est une danse qui reste la reine du beau,
    Il n’en est pas d’autre que le tango…
    Voilà que ce cavalier enroule de ses bras,
    Cette cavalière qui en épouse chacun des pas…

    Ils sont deux mais ne forment qu’un,
    Ils s’élancent tous deux d’un même parfum…
    Leurs esprits sont ancrés dans la musique,
    De cette musique qui chavire les cœurs épiques…

    Ils font corps avec ce tango qui va,
    Sur un air bien connu : « la Cumparsita »…
    Ils ne sont plus sur terre voire eux-mêmes,
    Ils s’envolent ensemble, à l’extrême…

    Au tango, les femmes sont herméneutiques 1,
    Les hommes sont à leurs images, bouillants, magnétiques…
    Le tango n’est pas une dance mais une école de la vie,
    L’on y retrouve tout, en premier lieu une mystique énergie…

    À danser cette poésie, il y faut de la fluidité,
    De même que dans la vie, de l’humilité…
    Le tango n’est pas exigeant, il demande, cependant, de la sincérité,
    Ce que, en général, nous devrions retrouver en réalité…

    Le tango est un dialogue, une conversation, un parler,
    Pour s’y répandre, tant renoncent à s’y adapter…
    Ne cherchons pas trop loin tant de raisons,
    Il faut l’entendre, l’écouter, lui obéir, mais avec passion… !

  3. Voilà un commentaire et un historique du tango qui n’oublie
    pas les origines africaines du tango et qui évoque le tango de salon comme antérieur au tango milonguero BRAVO

    Voilà une rectification utile ; mais surtout j’aurai aimé apprendre le tango en premier par ce tango académique dit de salon où estilo Villa Urquiza , plutôt que ce tango d’apprentissage de figures ( distillées au compte goutte par les maestros argentins qui se destinent au tango de spectacle alors que moi je veux danser en bal et ans l’ordre pour faire une belle ronda )

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